Pour le comité d’achat d’ouvrages d’une bibliothèque, j’ai sélectionné 5 romans dans la rentrée de janvier 2025. N’ayant pas de contacts directs avec les éditeurs, j’ai butiné sur les tables des librairies, discuté avec mes libraires préférés, j’ai lu les revues de livres présentées par les journaux, revues et magazines (papier et en ligne) dont je suis les critiques sans toujours partager leur opinion. J’ai aussi profité de cette faculté précieuse qu’offre désormais la plupart des éditeurs : feuilleter en ligne les premières pages du roman et s’imprégner de son style… Voici le résultat de mon exploration. J’ai déjà lu un des 5 livres, les autres suivront au plus vite… Et je vous ferais partager mes impressions de lecture…
5 romans de la rentrée littéraire janvier 2025
Bertrand Belin, La Figure, P.O.L.
À un peu plus de 50 ans, le compositeur, chanteur et écrivain renouvelle, avec son 5ème livre, l’écriture dite de l’autofiction. Il travaille un langage rageur pour remonter le cours de la mémoire et de son histoire dans une famille dysfonctionnelle, sans se leurrer sur son peu d’importance à l’aulne des évènements du monde. Mais « allons de l’avant car les nuits tombent, régulièrement, successivement, inlassablement, et j’ai déjà vu quelle idiotie c’est d’attendre qu’il soit trop tard pour accomplir quoi que ce soit. » (La Figure, p. 9)
Pour en savoir plus. Une émission de Marie Labory sur France Culture
Pour en savoir plus : Entretien de Lauren Groff avec sa traductrice Carine Chichereau
Lauren Groff, Les terres indomptées, trad. par Carine Chichereau, L’Olivier
Au XVII° siècle, une jeune femme fuit la colonie anglaise de Jamestown en Virginie en proie à la famine et à l’avidité des hommes. Elle affronte des terres sauvages, inconnues, d’une rudesse sans égale. Elle survit, libre, poussant son corps au-delà des limites humaines et se laissant subjuguer jusqu’au dernier instant par la splendeur d’un monde terrible mais rayonnant de lumière.
Rachel Kushner, Le lac de la création, trad. par Emmanuelle et Philippe Aronson, Stock
Ce « page-turner » profond et irrésistible, thriller aux enjeux politiques a été remarqué par le jury du Booker Prize américain pour son « écriture saisissante portant des idées galvanisantes ». Il met en scène Sadie, une ex-agente du FBI en mission d’infiltration dans une communauté d’éco-activistes en Corrèze et Bruno Lacombe « un guide dénué d’arrogance, un érudit et un sage, qui se considère comme responsable de ceux qui l’écoutent » inspiré par Guy Debord (Rachel Kushner dans un interview pour Télérama). Rachel Kuschner a envisagé pour la première fois d’écrire sur ce sujet lors de sa rencontre avec Julien Coupat, lors de « l’affaire de Tarnac » en 2008… mais elle remonte aussi dans ses réflexions jusqu’à l’homme de Neandertal dont les descendants de Sapiens tiendraient leur gène de l’addiction…
Pour en savoir plus : une page du Monde des livres par Raphaaëlle Leyris
Pour en savoir plus – La critique de Nathalie Crom dans Telerama.
Philippe Forest, Et personne ne sait, Gallimard
Père toujours en survie après la perte de son enfant, Philippe Forest est aussi un magicien de l’écriture sur le deuil et l’absence. Sa quête de « l’enfant éternel » passe, cette fois, par la rencontre d’un peintre proche du désespoir avec une petite fille mystérieuse dans Central Park couvert de neige… Cette histoire a déjà été racontée dans un livre et un film que ressuscite le narrateur, fasciné, comme son lecteur, par ce conte de Noël…
Emanuele Trevi, La maison du magicien, trad. par Nathalie Bauer, Philippe Rey,
L’auteur italien de 60 ans revient vivre dans l’appartement que son père, le psychanalyste jungien Mario Trevi, lui a laissé en héritage. Le lieu est hanté par les traces laissés par le thérapeute (écrits, notes, croquis, objets) mais aussi par la présence des « âmes » jungiennes des figures féminines qui l’ont visité, occupé. « La maison du magicien est ainsi une réflexion sur la psyché et l’existence, une succession de bribes autobiographiques et de portraits, qui convoquent passé et présent, fantasmes et réalités. » (Claude Grimal, En attendant Nadeau).
Pour en savoir plus – La critique de Claude Grimal dans En attendant Nadeau
Références
- Bertrand Belin, La Figure, P.O.L., 176 p.
- Lauren Groff, Les terres indomptées, trad. par Carine Chichereau, éd. de l’Olivier, 270 p.
- Rachel Kushner, Le lac de la création, trad. par Emmanuelle et Philippe Aronson, Stock, 476 p.
- Philippe Forest, Et personne ne sait, Gallimard, 128 p.
- Emanuele Trevi, La maison du magicien, Philippe Rey, 224p
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merci Aliette pour ces conseils de lecture.
Je te souhaite une très belle année littéraire, mais pas seulement ….
Amitiés,