Partez en Sicile avec Martine, découvrir l’Etna en éruption mais aussi un plat en céramique dont le décor fascinant suscite une belle rencontre.

Petit-déjeuner dans la salle à manger toute en longueur d’une maison d’hôtes sicilienne. Les plats défilent devant nos yeux et nos hôtes restent là pour nous encourager à manger tout ce qu’ils nous présentent. Comment faire pour ne pas décevoir ? Chacun trouve sa solution, la mienne est de parler…jusqu’à ce que mon regard se pose sur un magnifique plat en céramique décoré de poissons frétillants sur lequel sont déposées quelques tranches de viande. Je n’arriverai pas à savoir si cette utilisation est volontaire ou simplement le fruit de l’habitude, mon italien est trop pauvre. L’image des poissons s’incruste dans ma tête tout au long de la journée. Mes compagnons de voyage ne comprennent pas ce qu’ils finissent par nommer ma fixation ! Pas grave, je poursuis la route avec une image.

Après une heure de route, arrêt dans une station service. Le pompiste garde son regard fixé vers les hauteurs alors qu’il nous sert du carburant et marmonne. Je lève à mon tour les yeux et aperçois une immense colonne de fumée noire ? C’est l’Etna qui entre en éruption ! Le pompiste explique que le volcan fait partie de leur vie et qu’ils le surveillent tous les jours. Pas l’ombre d’une inquiétude en ce qui le concerne. Le voyage se poursuit et le ciel devient de plus en plus noir. La voiture avale les kilomètres de virages sur les cendres qui ont tout recouvert. Une neige noire ! Plus on s’approche du sommet, plus la pluie de cendres s’intensifie, tout est noir, plus de soleil visible, une atmosphère angoissante pour moi. Les grondements et les explosions sont impressionnants. Les boutiques de souvenirs sont fermées ce qui désole mes compagnons de voyage. Les propriétaires balaient leur trottoir avec de grandes lames, imperturbables. Rien ne semble les étonner, ils connaissent le bouillonnement des entrailles de la terre depuis toujours. Une seule envie, redescendre dans la vallée, retrouver la lumière.

Enfin, un arrêt dans un petit village éloigné du volcan. Le soleil et la lumière sont de retour. Parcourir les ruelles étroites est un vrai plaisir. Pas de grandes boutiques, quelques petites échoppes. Quand j’aperçois une porte d’atelier entrouverte, je passe la tête. Le potier par un simple geste de la tête m’invite à le rejoindre. Il travaille dans un local minuscule, peu éclairé, le dos courbé sur son tour et n’interrompt pas son travail sur le pot qu’il est train de réaliser. Ce n’est pas un bavard ! De grandes jarres sont déposées sur des étagères. Elles sont toutes décorées de petits poissons frétillants ! Je reste sidérée par la beauté de ces pots mais surtout par leur décor. Il entre en résonance parfaite avec l’image qui m’accompagne depuis le matin. Comment faire ? Ces jarres sont intransportables. Heureusement, en fouillant parmi les objets accumulés, je finis par trouver un petit plat avec le même dessin. Voilà qui va m’accompagner tout le temps du voyage, et bien au-delà : le geste du potier, ses décors et son regard quand il me remet le petit plat bien emballé pour le protéger !

Ce plat est toujours dans mon placard. Je m’en sers pour l’apéritif avec les amis. Je n’y présente pas que des petits poissons mais aussi de la viande…Et en le regardant je persiste à retrouver l’apaisement ressenti dans cet atelier, après une journée éprouvante.